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Vieillir en milieu rural est un enjeu collectif qui doit être pris au sérieux

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Au cours des deux prochaines décennies, toutes les régions du Québec connaîtront une augmentation de la proportion de leurs citoyennes et citoyens âgés de 65 ans et plus. Les petites municipalités rurales seront toutefois les plus touchées par cette tendance.

Comment expliquer ce phénomène? En partie par l’exode des jeunes vers les villes, par l’attrait des milieux ruraux pour certaines personnes retraitées et par la nette préférence des personnes immigrantes pour les milieux urbains.

La plupart des personnes âgées souhaitent vivre le plus longtemps possible dans leur domicile ou, à tout le moins, dans leur communauté et y décéder. Or, la possibilité de demeurer chez soi jusqu’à la fin se révèle intimement liée au statut socio-économique et à des facteurs en lien avec l’aménagement du territoire.

Respectivement stagiaire postdoctorale, cotitulaire de la Chaire interdisciplinaire sur la santé et les services sociaux pour les populations rurales à l’Université du Québec à Rimouski et interniste gériatre dans la région de Montmagny-L’Islet au CISSS de Chaudière-Appalaches, nous sommes trois des trois chercheures au sein du laboratoire vivant MOSAIC dans lequel s’impliquent plusieurs citoyennes et citoyens et chercheur.es du Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches. Le laboratoire vivant MOSAIC vise à codévelopper des solutions innovantes pour soutenir le vieillir en communauté rurale dans cette région du Québec.

Dans cet article, nous introduisons le fonctionnement du laboratoire vivant MOSAIC.

Portrait de la ruralité

Les personnes aînées vivant en milieu rural doivent composer quotidiennement avec la rareté des services de proximité, de longues distances à parcourir pour accéder aux services, sans réelle alternative à l’automobile, et une pauvreté d’offres de logement adapté.

Malgré ces contraintes, nombre de ces personnes affirment que certaines dimensions de la vie en milieu rural, telles que l’attachement à la communauté et au territoire, la participation sociale et la familiarité, créent un sentiment d’appartenance qui l’emporte largement sur les aspects plus négatifs.

Pour implanter des solutions collectives, innovantes, adaptées aux besoins et aux priorités des personnes aînées vivant en milieu rural, il apparaît nécessaire de mobiliser la collaboration intersectorielle et le dynamisme des communautés rurales.

La collaboration intersectorielle vise à susciter des interdépendances entre une diversité d’actrices et d’acteurs issus de secteurs variés (société civile, communautaire, municipal, gouvernemental) afin de développer des réponses mieux adaptées à une problématique complexe. La mise en commun des différentes expertises et des ressources permet d’innover là où l’action d’un seul secteur serait jugée insuffisante.

Pour favoriser cette collaboration intersectorielle, l’approche des laboratoires vivants s’avère prometteuse. En effet, les laboratoires vivants favorisent le développement d’innovations techniques et sociales durables, et ce, à grande échelle.

Le laboratoire vivant MOSAIC pour, avec et par les personnes aînées, est actuellement en effervescence dans la région de Chaudière-Appalaches.

Le laboratoire vivant MOSAIC

Le laboratoire vivant MOSAIC pour, avec et par les personnes aînées des milieux ruraux est actuellement en effervescence dans la région de Chaudière-Appalaches. Située sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, cette région s’étend sur 16 130 km², soit 34 fois la superficie de l’île de Montréal.

En 2023, les personnes âgées de 65 ans et plus représentent déjà 25 % de la population de Chaudière-Appalaches. Parmi ces personnes aînées, 56 % ont entre 65 à 74 ans, 32 % ont entre 75 à 84 ans et 12 % ont 85 ans et plus. Près d’une personne aînée sur trois (31 %) de ce territoire ne détient aucun diplôme, 26 % habitent seules et 21 % jouissent d’un faible revenu.

Le laboratoire vivant MOSAIC réunit des partenaires de quatre parties prenantes de même importance, soit des personnes aînées et leurs proches, des personnes représentantes des municipalités et de la collectivité, des organisations offrant des services aux personnes aînées (Centre intégré de santé et de services sociaux de la région, organismes privés ou communautaires) et des personnes du milieu de la recherche et de l’enseignement incluant étudiantes et étudiants de la relève en recherche.

Le laboratoire vivant MOSAIC réunit des représentantes et représentants de quatre parties prenantes.

Toutes et tous sont mobilisés afin de cibler et tester des solutions innovantes et inclusives favorisant le vieillir en milieu rural.

Le laboratoire vivant MOSAIC poursuit les objectifs suivants :

  • Créer des opportunités de rencontres et des espaces de discussion sécuritaires pour explorer avec les personnes aînées des pistes de solutions à leurs besoins ;

  • Expérimenter des idées et solutions innovantes dans une approche de cocréation et en contextes de vie réels ;

  • Favoriser un dialogue durable entre les personnes aînées des milieux ruraux et les autres partenaires du laboratoire vivant MOSAIC.

Les cinq thèmes du laboratoire vivant MOSAIC

Cinq grands thèmes favorisant le vieillir en milieu rural ont émergé dès les premiers échanges entre les parties prenantes à l’automne 2022, soit la participation sociale, les milieux de vie agréables et inclusifs, la réminiscence et la santé cognitive, les soins et services de santé et la préparation de la fin de vie.

L’objectif du laboratoire vivant MOSAIC est de favoriser le vieillir en milieu rural.

Depuis l’hiver 2023, ces thèmes font l’objet de rencontres de groupes de travail tenues principalement en ligne et visant à dégager les besoins prioritaires, à cibler des pistes de solution innovantes et ultimement, à les tester et à les implanter en contextes de vie réels. À ce moment-ci de la démarche, les pistes retenues sont le développement d’un programme d’aide favorisant la maîtrise des technologies des communications en soutien à la participation sociale, la mise en place d’un réseau sécuritaire d’aide aux menus travaux, la création d’un réseau bien traitant pour dépister les personnes aînées vulnérables à domicile, un projet misant sur les technologies pour favoriser la santé cognitive via la réminiscence du quotidien en ruralité et des activités pour démystifier la fin de vie en milieux ruraux.

Des constats généraux se dégagent de ces premiers mois d’expérimentation, soit une forte mobilisation des personnes aînées, de leurs proches et des représentantes et représentants d’organismes communautaires, ainsi qu’un désir commun de (re)créer des relations de confiance durable entre les membres des communautés rurales de différentes générations.

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Ariane Plaisance, Stagiaire post-doctorale, Université du Québec à Rimouski (UQAR)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.

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